"Un thé pour Yumiko" de Fumio Obata

Cette jeune femme brune qui a les yeux dans le vague, ce Torii (la porte traditionnelle japonaise rouge et noire derrière elle), les dessins à l'aquarelle et la première vignette (mug, téléphone, carnet et stylo) : il n'en fallait pas plus pour que j'achète cette BD créée par Fumio Obata auteur de "L'incroyable histoire de la sauce soja". 

Ce Tokyoïte de 39 ans a étudié le dessin et le graphisme à Londres. C'est précisément dans cette ville qu'il fait vivre son héroïne. 

Nous sommes en Mai 2010. Yumiko a crée sa propre boite de graphisme et est fiancée à Marc. 

A peine le temps pour nous de la voir évoluer dans son univers qu'elle est appelée à partir au japon pour assister aux funérailles de son père décédé suite à une mauvaise chute en montagne. 

Elle et lui étaient en froid depuis le départ de la jeune femme pour Londres il y a 10 ans. 

Un flash back nous fait comprendre le motif de la discorde : son père rêvait de la marier à un japonais et il n'a pas compris pourquoi elle voulait aller étudier à Londres : 
"Du graphisme ? c'est vraiment la peine de dépenser autant d'argent pour une fille ?"  Sa mère en a toujours été convaincue et l'a soutenu dans la réalisation de ce rêve qu'elle aurait tant aimé voir aboutir pour elle aussi. 

En revenant au Japon pour les funérailles de son père, Yumiko est perdue, plus du tout sûre de ses choix et incapable de ressentir la moindre tristesse.

Viennent alors la hanter des personnages du théâtre Nô jusque dans son sommeil. Cette mascarade masquée agace la jeune femme mais l'aide à cheminer et comprendre où est sa place.

Cette Bd est un vrai coup de coeur, tout m'a séduite : les couleurs douces, les dessins et l'histoire de cette jeune expatriée qui a osé déplaire à son père quitte à se couper de ses racines. L'illustration de son cheminement intérieur est délicate et subtile. 

Extraits : "Il faut savoir faire les bons choix. Parce que la vie a une durée limitée. Nous changeons tout le temps... De même que nos ambitions, nos désirs et nos objectifs…L'important c'est de trouver quelque chose d'immuable en soi".

J'y ai appris qu'au Japon un nouveau nom est donné au défunt pour qu'il puisse être béni et devenir un disciple de Bouddha. 

Ce roman graphique nous rappelle comme il est complexe de suivre ses propres aspirations en refusant de marcher dans les pas de ses parents. Nos père et mère projettent leurs propres désirs sur nous et, même si nous avons le sentiment de faire nos choix librement, leurs souhaits colorent nos vies. 

Je vous conseille de lire le magnifique avis d'Elsa sur 9ème art. 

Clarabel a beaucoup aimé aussi.